ROSTAGNAT Hervé

Hervé Rostagnat est né en 1955 à Suresnes. Il a vécu à Paris où il a fait ses études pendant ses vingt cinq premières années. Il rejoint Nice au début des années quatre vingts. Il termine ses études de droit et devient enseignant en économie gestion, d'abord en établissement privé puis il rejoint le public où il enseigne en lycée professionnel jusqu'en 2020, année à compter de laquelle il prend sa retraite. Il créé en 2016 la revue littéraire L'Altérité où il rassemble un certain nombre d'autrices et d'auteurs. Il s'entoure de collaborateurs qui oeuvrent gratuitement pour la revue. L'Altérité publie des chroniques littéraires, des essais, des articles, des romans, des oeuvres épistolaires mais au fil du temps c'est la poésie qui va prendre le dessus sur l'ensemble de la production littéraire. 

Coronachronique N°7 27/3/2020

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📅 vendredi, 27 mars 2020 19:25

Coronachronique N° 7 27/3/2020

Douzième jour de confinement.

29 155 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

3 922 de plus qu’hier.

1 596 personnes décédées.

265 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

 

                La dernière offensive de l’hiver nous aide à maintenir le confinement. Un ciel plombé, les pluies à venir, la neige qui tombe en ce moment sur mon petit village de Corse nous poussent à rentrer. Là, au travers des carreaux de la fenêtre, le regard s’embrume et se noie dans l’eau d’une gouttelette où se mêlent la lumière, les larmes et la pluie. Ce soir j’irai sous l’appentis chercher quelques bûches et nous les regarderons, Jeanne et moi, brûler dans le poêle et danser les flammes dont le crépitement, déjà, nous réchauffera.

                J’ai reçu de mon village les images des lourds flocons tombant dans la brume. Je sais que le chasse-neige est passé ouvrant la route au ravitaillement. Je pense à mon frileux jardin que j’ai laissé là bas.

                Dans mon jardin il y a la sauge, le romarin, le thym et la lavande qui doivent ployer sous le manteau blanc. La sauge est abondante. Ses boutons résisteront-ils au froid revenu ? L’été, elle sent si fort qu’on dirait qu’elle transpire d’une humaine sudation. Pourrai-je en voir éclore les fleurs le temps venu ? Après l’hiver aux cinq neiges j’ai vu le triste spectacle de l’arbousier dont les branches cassées trainaient sur le sol comme des membres désarticulés. N’était le confinement, j’aurais là bas descendu dans mon jardin pour y cueillir le romarin. J’aurais descendu dans mon jardin nettoyer un peu les herbes folles que j’aurais laissées autour des lauzes et du palmier vigoureux. J’aurais laissé quelque verdure et des boutons d’or. J’aime cette île qui me manque et qui souffre comme le continent. Et j’ai eu la naïveté de croire qu’elle serait épargnée, toute lovée dans une parenthèse infranchissable de mer et de sable. D’ici, la montagne sauvage se dresse devant moi, couverte de chênes mais j’aime plus encore, je crois, y voir la présence de l’homme lorsqu’il s’arrange avec la terre pour y prendre juste son compte, pour y trouver son content, son comptant, sa suffisance. Pour y trouver sa suffisance comme dit la tante. Lorsqu’il débarbouille juste un peu la colline, la rafraîchit d’un excès de pilosité, lui contient la pente avec quelques murs de pierres sèches et peigne une terre pauvre mais bien élevée de sillons qu’il arrose pour y trouver sa suffisance. Juste sa suffisance. C’est un accord entre la terre et l’homme. Un échange de bons procédés, un entretien mutuel. Aujourd’hui sur la colline, je ne vois plus que le souvenir de cette rassurante présence. Il n’y a plus que d’anciennes restanques ondulant sous l’herbe sauvage. Alors, la terre se déchaîne d’une inutile abondance, gesticule tout autour pour rappeler à ses fils la vacuité de son sein. Fils ingrats. Dans mon jardin il y a deux planches. Une où je plante. L’autre où je marche. Minuscule espace où je me pose après avoir retourné la terre pour regarder, comme d’une nuque rafraîchie, l’effet de la taille.

                Irai-je au village en avril voir se colorer la colline d’asphodèles et d’ellébores, regarder tourner le cirque montagneux qui enserre ma maison comme un écrin et m’asseoir sur un rocher pour y lire dans la paix, oublieux enfin d’une inutile abondance, de la déraison des hommes et de la litanie du décompte des morts ?

Coronachronique N°6 26/3/2020

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📅 jeudi, 26 mars 2020 16:48

Coronachronique N°6

Onzième jour de confinement.

25 233 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

2 933 de plus qu’hier.

1 331 personnes décédées.

231 de plus qu’hier.

Le taux de létalité dépasse les 5%.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

 

                Si en grec, le terme économie veut dire « gestion de la maison » et si par extension le mot signifie gestion de la répartition des richesses d’une société, il ne faut pas se tromper : on ne gère pas un Etat comme on gère une maison. Partant de ce constat, il faut clouer le bec à ceux qui comparent la gestion de la maison par le bonus pater familia à celle d’un Etat. Car le bonus pater familia ne fait pas de dette et il équilibre son budget. Un Etat qui a le sens du bonheur citoyen et de la chose publique ne doit pas avoir cette préoccupation ou alors il est soumis au dogme des libéraux qui, avant d’exiger de l’orthodoxie financière au titre d’une gestion saine des affaires, assèche le circuit financier en liquidité (en réduisant de manière démagogique les impôts par exemple) pour mieux installer son crapuleux dessein.

                En économie, il y a ceux qui font semblant de croire à la magie du marché et ceux qui préfèrent l’arbitrage des hommes par le truchement d’un Etat. La magie du marché c’est son autorégulation que des modèles mathématiques abstraits - voire abscons - tentent de rendre crédible. Abstraits parce qu’ils tournent en laboratoire sur des ordinateurs et qu’ils font fi de l’humain. Abscons parce qu’il y a ceux qui savent et les autres, et les autres sont toujours intimidés par la morgue de ceux qui savent.

                L’économie s’est dotée d’une science appelée la science économique. C’est une science humaine c'est-à-dire en réalité un oxymore puisque les comportements humains sont, par nature, imprévisibles à plus forte raison lorsqu’on tente de les agréger dans des chiffres qu’on appelle des agrégats. On sait qu’en matière de comportements humains, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Par exemple, l’augmentation du revenu des ménages ne va pas nécessairement fouetter la consommation s’ils décident, notamment, d’épargner. A ce titre, les mathématiques sont donc lettres mortes. Mais qu’importe car ces fictions séduisent tellement notre désir de rationalité qu’on va jusqu’à « nobéliser » (nobé-lisser ?) leurs auteurs et par voie de conséquence leurs écoles (de Chicago). Les hypothèses qu’ils posent sont censées déboucher sur des perspectives tellement normatives qu’elles frisent le dogme au point que les propositions alternatives lancées par l’opposition (qui n’est plus que très minoritaire) sont perçues comme fantaisistes. C’est l’argument massue du TINA : « There Is No Alternative ».

                L’autorégulation dogmatique suppose donc que l’Etat n’intervienne pas dans l’économie. D’où son désengagement, notamment dans les services publics. Par une pirouette rhétorique, on laisse entendre qu’ils constituent des monopoles néfastes pour le marché et pour les grands équilibres défendus bec et ongles par les tenants de l’orthodoxie financière, (la fameuse gestion du bonus pater familia). A ce titre on les ouvre à la concurrence et on transforme une nécessité régalienne en produits ou en services marchands dans un but de profits exclusivement réservés aux apporteurs de capitaux qui se prennent pour l’élite. Ils sont donc soustraits à la collectivité qui y aurait eu accès gratuitement. La santé, les transports, l’éducation, les retraites et même l’armée sont, depuis une trentaine d’année, en voie de privatisation.

                Même les américains qui ne sont pas réputés pour être de dangereux gauchistes sont interventionnistes a fortiori en temps de crise. La nouvelle donne de Franklin Roosevelt en 1930 est un exemple de politique économique réussie grâce à l’instauration d’une régulation des marchés que le libéralisme avait négligée. Depuis la crise du coronavirus, c’est l’exemple historique qu’on cite le plus souvent pour se dire que finalement, l’Etat (et corrélativement les impôts versés par les contribuables car on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre) c’est pas si mal que ça.

                Mais l’homme a la mémoire courte et la dérégulation a repris malgré d’autres crises et d’autres krachs boursiers. Le dernier, antérieur à la crise du coronavirus, date de 2008 où l’on se souvient comment les Etats sont encore intervenus pour soutenir les banques en grandes difficultés qui avaient spéculé sur des titres pourris.

                Hier monsieur Macron, avec un air affecté, s’est exprimé à Strasbourg, dans la région du grand Est particulièrement touchée par la contamination. Il a promis, outre le paiement d’heures supplémentaires et de primes qui constitue une insulte au personnel soignant revendiquant depuis des années une amélioration du système de santé, un plan d’investissement et de revalorisation des carrières. En attendant, on court toujours après les masques, les respirateurs et autre matériel indispensable pour sauver les personnes atteintes par la maladie.

                Ainsi, à chaque crise se repose la question du changement de paradigme économique. Combien de morts faut-il pour comprendre que le rôle d’un Etat est de dépenser pour la collectivité qui n’est d’ailleurs pas étrangère à ce financement du bien commun et que le terme de rentabilité doit être proscrit du discours politique quand il s’agit du bien-être national ? Parler d’argent, de coûts, de charges, de budget déficitaire, de critères de Maastricht est non seulement injurieux et mesquin pour la collectivité mais n’a pas de sens lorsqu’on a compris que l’argent n’est qu’une pure fiction facilitant les échanges dans un monde que la massification des structures déshumanise. Et que sur ces considérations théoriques, doit primer la joie et le bonheur de l’homme.

Coronachronique N°5 25/3/2020

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📅 mercredi, 25 mars 2020 13:40

Coronachronique N° 5 25/3/2020

Dixième jour de confinement.

22 300 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

2444 de plus qu’hier.

1 100 personnes décédées.

240 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

Suite de la chronique N°4

 

                … J’obtempère. Il me demande mon attestation. Je la cherche dans mon sac à dos mais je sais déjà qu’il s’en fout car il a compris qu’à l’allure où je vais, même si je suis, à cet instant, dans un périmètre acceptable de mon domicile, j’en ai été, à un autre moment, beaucoup trop éloigné. Je la lui tends. Il ne la regarde même pas. Je joue franc-jeu avec lui et je lui avoue que je viens de faire 50 kilomètres. Je me demande même si je ne le provoque pas un peu et je le teste au sujet du caractère lacunaire de la règlementation. Il est plutôt de ceux qui se rangent derrière l’esprit des lois. Mais finalement, de tout ça, il s’en détache car il est de la police judiciaire et son taf n’est pas de verbaliser. Tiens, justement, il vient de coller une prune à une femme récidiviste qui prenait le soleil sur la plage. Ça le consterne. Des profs, des médecins, des avocats, des gens qu’on dit « biens », tous contrevenants peut-être parce qu’ils croient savoir mieux que quiconque. Des individus comme moi, en somme, qui se perçoivent, dans une relative honnêteté, en dehors de la collectivité et qui oublient qu’une somme d’individualités raisonnant de manière identique ça fait un groupe trop faible dans ses mobiles pour s’enorgueillir d’une quelconque transcendance républicaine mais suffisamment forte pour alimenter un mimétisme toxique. Quelle morgue !

                Il suffit de se remémorer le dimanche 15 mars, postérieur à la première intervention de M. Macron et antérieure à la seconde où il lui a fallu mettre les points sur les i. J’étais encore à vélo et je suivais le bord de mer jusqu’à Juan les pins. Sur la Promenade de Cagnes sur Mer et au bord des plages du Cap d’Antibes, une foule d’oisifs prenait le soleil et flânait avec tout autour une marmaille joyeuse mêlée aux aïeux dangereusement exposés. On ne pouvait trouver situation plus favorable pour faire la courte échelle au Covid 19. Je pensais au poème de Paul Fort inspirant la chanson « Si tous les gars du monde » et je regrettais qu’une si belle intention pût être, brutalement, aussi peu opportune.

 

« Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !
Si tous les gars du monde devenaient des copains... »

 

               Autre temps autre mœurs ! Depuis cette date, 16877 cas de contagion supplémentaires ont été recensés. Avec 973 morts de plus. Quelle morgue !

Et la courbe n’a pas commencé à s’infléchir…

Coronachronique N°4 24/3/2020

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📅 mardi, 24 mars 2020 22:03

Coronachronique N°4 24/3/2020

 

Neuvième jour de confinement.

19 856 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

3 838 de plus qu’hier.

860 personnes décédées.

186 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

 

                J’avoue, j’ai fauté. Demandez à un cycliste de rester confiné et il vous dira que la sédentarité est incompatible avec le goût du vélo. J’ai fauté il y a quelques jours. Je promets, je ne le referai pas. A fortiori depuis la nouvelle aggravation des mesures de confinement bien qu’elles soient encore loin de satisfaire le syndicat jeunes médecins que j’évoquais dans le chronique d’hier.

                D’abord, il faut se figurer le parcours mental du criminel qui peu à peu va légitimer son infraction. Entre l’émergence de la pensée transgressive et le passage à l’acte, il y a un temps que la criminologie analyse et dont la substance est perçue de manière diamétralement opposée selon le point de vue duquel on se place. D’un côté le criminel (j’emploie à dessein ce terme mais je devrais dire, en l’espèce, le contrevenant) minimise le caractère répréhensible de son acte et il a besoin de cette minoration pour s’autoriser à le commettre au point qu’il lui est même parfois difficile de reconnaître l’infraction. Inversement, ce parcours est, pour le juge, une circonstance justifiant la maximisation de la peine. La circonstance est aggravante parce que l’infraction, du fait de sa préméditation, présente une forme de détermination qui dénote une raison froide que la morale n’a pas été capable de juguler. Je vous renvoie, pour illustrer le plus magnifiquement possible cette démarche intellectuelle, au roman de Dostoïevski « Crime et châtiment ».

                Malgré le confinement, les sorties sont autorisées mais à certaines conditions. Le criminel que je suis s’empare de l’aspect conditionnel de la règle pour en minimiser le caractère impératif. La règle autorise « les déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie ».

                Le criminel que je suis en exploite les lacunes pour justifier sa sortie. Qu’est-ce qu’un déplacement bref ? A quelle distance mesure-t-on la proximité du domicile ? Deux heures de cyclisme c’est seulement 8% du temps d’une journée de 24 heures. Il est donc bref. Si je décide de parcourir 50 km qui est à peu près la distance réalisable, à mon niveau, en deux heures et si je raisonne en rayon d’une circonférence constitutive de mon tour à vélo, je reste à proximité de chez moi puisque mon rayon d’action n’est plus que de 8 kilomètres (je ne vous referai pas le coup du calcul et de la solution au prochain numéro).

                Mais le caractère lacunaire de la règle n’est pas la seule porte ouverte à la transgression. Car il faut toujours distinguer, d’une règle, l’esprit et la lettre. Le respect de la lettre peut s’apparenter au légalisme rigide, dogmatique, abstrait. L’esprit, suppose dans l’application de la règle, un peu plus de recul et l’analyse des circonstances susceptibles de la tempérer. Quel est ici l’enjeu, me dis-je, m’approchant de plus en plus du vélo qui piaffait dans la remise. Il s’agit de casser le rythme de propagation de l‘épidémie en évitant tout contact avec autrui. Quel contact risqué-je, seul sur mon vélo, dans les collines de l’arrière pays niçois, lui-même déserté par une population confinée ?

                Aucun m’assuré-je. Certains m’approuveront à vue de nez sans avoir, plus que moi, les connaissances médicales susceptibles d’éclairer correctement ma décision. D’autre me réprouveront car une règle n’est pas négociable. Toute la question qui se pose ici est de mesurer le degré de liberté que chacun a pour la transgresser au risque également de se situer au dessus des lois ce qui, indépendamment du risque qu’on fait courir à la collectivité, est extrêmement antipathique. Ne faut-il pas, ici, privilégier l’absolutisme de l’interdit ?

                Qu’importe. La passion l’emporte. La pathos qui me pousse ne peut-il pas constituer une circonstance atténuante ? J’enfourche mon destrier. Je prends soin de définir un itinéraire avec le risque minimum de rencontrer la maréchaussée. J’emporte cependant avec moi l’attestation de sortie et je prépare un argumentaire capable de convaincre le plus rétif des gendarmes.

                Je rejoins Saint Laurent du Var. Je me dirige vers la zone industrielle de Carros. Je sais que je trouverai une voie privée à gauche des établissements de France Boissons. Puis j’enchainerai sur la piste cyclable bordée d’un côté par la pénétrante et de l’autre par les serres. Il n’y a pas un chat. Pas un bruit. Seulement le feulement des pneus sur la route. J’adore cette sensation où l’énergie que je produis se transforme en matière sonore, presque palpable. Le macadam défile. L’effort que je fournis et l’énergie que je dépense transforment mon corps en une éponge que j’essore des excès des tensions du confinement.

                Au pont de la Manda, je tourne à droite. Je rejoins la route de Grenoble exceptionnellement peu fréquentée. Un vent de face ralentit ma course. Je tourne bientôt à gauche et je grimpe vers Colomar et Aspremont. Ma vitesse diminue. Ça monte. Je ne suis plus maintenant qu’un métronome tendu jusqu’au petit col. Un type qui court en contre sens me fait un signe de la main et un sourire entendu comme une manière de solidarité entre deux courageux dissidents. Ça m’énerve. Je ne lui réponds pas. D’ailleurs un autre type, un cycliste cette fois, me colle au train et ça m’énerve aussi car il va plus vite que moi. Il me double. Il n’a pas à mon égard de geste de compassion comme font souvent les collègues qui s’excusent de vous laisser sur place.

                J’entame la descente. Je reste prudent car la route est mauvaise et je pense :

1) à Jeanne que je ne veux pas laisser seule en cas de chute grave ;

2) aux urgences que je ne veux pas encombrer dans cette période de crise sanitaire à cause d’un caprice.

                J’atteins La Mantéga. Puis la Promenade des Anglais. Je me dirige vers l’ouest. Je fonce. Je croise quelques joggers et de rares cyclistes. Et puis devant moi, à quelques dizaines de mètres, au milieu de la piste cyclable, se tient un policier qui me fait signe de m’arrêter.

A suivre…

 

 

Coronachronique N°3 23/3/2020

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📅 lundi, 23 mars 2020 18:33

Coronachronique N°3 23/3/2020

 

Huitième jour de confinement.

16 018 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

1 559 de plus qu’hier.

674 personnes décédées.

112 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

 

                Allium, oxalis, akébia, pissenlit. N’avons-nous, Jeanne et moi, que ça pour nous nourrir ? Il y a bien le prunier. Mais il n’est encore qu’en fleur. La saison des oranges est passée dont il ne reste que quelques confitures Et le jardin aromatique, j’ai bien peur, est emblématique de la valeur que nous donnons à la surface des choses. Il aurait fallu creuser. Je ne me serais pas contenté de regarder l’harmonie de mon jardin, de composer les volumes et les couleurs pour donner au regard une joie qui ne suffit plus. Il aurait fallu voir le dessous des choses. Creuser, semer, récolter. Sans attendre de l’extérieur qu’il nous nourrisse sous le confortable prétexte de la division du travail.

                Me voilà donc, aujourd’hui, incompétent. Professeur sans élève. Et tout juste cueilleur. Je sors de chez moi un panier à la main, réduit à faire la queue devant un supermarché dont l’exclusive compétence de distributeur de produits manufacturés exclut celle d’organiser une pénurie d’espace. Quarante cinq minutes d’attente dans une queue qui n’a pas avancé d’un mètre. Une queue de vingt mètres. Vingt personnes respectant la distance sanitaire le bec ouvert comme des oisillons.

                Des oisillons ? Je ne pensais pas si bien dire. Le Conseil d’Etat, hier, a réfléchi à la question posée par le syndicat Jeunes Médecins de savoir s’il ne faut pas aggraver les mesures de confinement. Il ne nous reste qu’à demeurer chez nous et à attendre les ravitaillements.

                Mais sait-on au moins ravitailler ? Charles Touboul, porte parole du Conseil d’Etat, dit : « Personne ne sait faire un ravitaillement d’État, à moins de plusieurs semaines. Il y a des risques logistiques considérables. L’État n’est pas en mesure de faire mieux que les entreprises de distribution qui s’adaptent aux demandes massives des citoyens en organisant des drive et des livraisons à domicile. »

                Je ne sais pas suffire à mes besoins car mon savoir est délégué. L’Etat ne sait pas ravitailler car le pouvoir a délégué au privé ses compétences. S’il n’y avait que la problématique de la division du travail. Mais il y a pire. Il n’y a plus d’Etat. Et il n’y a plus d’Etat car il y a une confusion entre la valeur et les valeurs. Entre l’individu et le collectif. La République ne se résume pas à une simple somme d’intérêts privés que le libéralisme satisfait en me privant de ma liberté d’animal social. « L’homme est libre, disait Rousseau, et pourtant il est dans les fers ». Il n’y a que le Contrat Social qui puisse le libérer. La démagogie et la corruption promeuvent la dérégulation. A telle enseigne qu’un service public n’est plus considéré aujourd’hui que comme une valeur négative. D’un point de vue comptable, c’est un coût. Qu’on le donne au privé et il passe à l’actif du bilan. Dites ça aujourd’hui à l’hôpital que nous applaudissons mièvrement la peur au ventre et saisissez, si vous ne l’aviez pas encore compris, la relativité de la valeur.

                Alors, qu’est-ce que la valeur face aux valeurs qui sont absolues ?

                Il ne nous reste qu’à regarder briller nos lingots d’or dont on nous assure de la valeur intrinsèque : rareté, malléabilité, inaltérabilité, transportabilité, divisibilité ! Mais sont-ils comestibles ?

                Il ne nous reste qu’à compter les billets de nos portefeuilles jusqu’à épuisement des seules feuilles dont nous pourrions tout juste nous servir comme papier hygiénique. Lequel, d’ailleurs, non initialement destiné à cet usage, n’a pas plus ma confiance que cette sournoise fiducie.

                Il ne nous reste qu’à compter nos actions de sociétés mais la bourse, faible de nos anticipations irrationnelles, a brutalement chuté. En garnirons nous aussi, comme de la monnaie fiduciaire, nos toilettes en pénurie ? Nenni car elles sont, aujourd’hui, dématérialisées. Ce qui reviendrait, pour le dire vulgairement, à se torcher avec de la fiction.

                Il me reste à me demander ce que je vaux, ici, impuissant dans mon jardin. Car je ne sais rien. Nous ne savons plus rien d’autre que le capital qui nous divise.

                Dès à présent, apprenons à cultiver notre jardin. Pas celui de l’agriculture qui emploie 5% d’une main d’œuvre formée à rompre la biodiversité pour alimenter nos supermarchés. Mais l’autre. Celui, par exemple, que Giono défend dans « Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix ». Faisons-en sortir les fruits. Et aussi les raisins de la colère.

Coronachronique N°2 22/3/2020

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📅 dimanche, 22 mars 2020 14:06

Coronachronique N° 2 22/3/2020

Septième jour de confinement.

14 459 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

1 847 de plus qu’hier.

562 personnes décédées.

112 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

 

                Le mort grandit monstrueusement. Ses pieds sortent de la chambre. Bientôt, ils obstruent l’encadrement de la porte. On ne sait pas s’il est feu l’amant de la dame assassiné par le mari. Ou le lourd passé qui envahit l’espace confiné d’un couple usé par le temps. Elle, c’est Madeleine. Lui, c’est Amédée. Elle, est jouée par Alice Sapritch. Lui, par Jean Marie Serreau. La pièce s’intitule « Amédée ou comment s’en débarrasser ». Elle est d’Eugène Ionesco. Je l’ai vue à la télé. Sur la première chaine. Mais, il y en avait-il déjà d’autres à l’époque ? C’était au temps où l’on ne vendait pas encore "du temps de cerveau humain disponible". C’était un mardi 30 avril 1968 à 20h35. Et j’avais 13 ans.

                Cette pièce, je ne l’ai jamais oubliée. Pourquoi me la remémoré-je aujourd’hui ? Sont-ce les propos angoissés des internautes qui appréhendent, pendant ce confinement, de se retrouver face au cadavre de leur amour ? Est-ce l’horloge de ma grand-mère que je n’ai vue nulle part ailleurs que sur le mur de ce triste appartement, surplombant Madeleine et Amédée ? Serait-ce l’oppressante horloge de Brel, telle que

« La pendule d'argent

Qui ronronne au salon,

Qui dit oui, qui dit non,

Qui dit « Je vous attends ».

                Je vais vous dire, moi, ce qui me la remémore. C’est le télétravail ! D’un côté du décor, il y a la pièce à vivre, le buffet, les chaises et la table. De l’autre, il y a le standard téléphonique que Madeleine tient à domicile pour gagner maigrement sa vie. Comme elle, n’enfilez-vous pas votre chapeau, votre écharpe et le caraco pour traverser la pièce ? Et parvenu à votre ordinateur, ne vous dévêtez-vous pas des attributs que vous mites, un instant, pour figurer l’extérieur ?

                C’est ainsi que Jeanne me vit un matin, au rez-de-chaussée de la maison. En mémoire de Madeleine, affublé d’une casquette irlandaise, d’une polaire et d’un foulard, prêt à monter à l’étage où se trouve mon bureau. Là j’ai mon ordinateur et ma plateforme de travail, mes interlocuteurs et mes ouailles qui s’égarent dans l’argument de quelque dysfonctionnement pour refuser de rendre les devoirs :

 

Capture écran 1

 

 

capture décran 5

   capture écran 3      

Capture 7

 

Ai-je besoin de rappeler que Ionesco incarne le théâtre de l’absurde. Ô, génie visionnaire. L’absurde est son futur. Il est notre présent…

 

 

Résolution du problème de la Coronachronique N°1.

On demande de chercher le diamètre du jardin duquel Jeanne et le narrateur auraient fait le tour s’ils avaient marché sans interruption à une moyenne de 2 kilomètres heure.

La circonférence est donc de 2000 mètres.

Sachant que C = D x 3.14

Que donc 2000 = 3.14D

D = 2000/3.14

D = 637

On demande de chercher la surface (S) en ha de la propriété.

La surface se calcule par ∏ x R²

Il faut d’abord trouver R

On sait que D = R x 2

Donc R = D/2

Soit 637/2

R = 319

La surface est donc

S = 3.14 x 319²

S = 3.14 x 101761

S = 319530 m²

Soit S = 32 ha

 

Grand Dieu, quel jardin eut-il été !

Coronachronique N°1 21/3/2020

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📅 samedi, 21 mars 2020 21:27

Sixième jour de confinement. 

En France, 12612 personnes recensées sont atteintes du coronavirus. Quatre cent cinquante personnes en sont mortes. Soit un taux de létalité de 3.57% qui a augmenté de presque un point et demi depuis le premier jour de confinement. Le taux de létalité italien est de 8.57%. Mesure-t-il l’aptitude de notre système de santé à absorber la vitesse de la contagion ?

Le jour se lève. J’ouvre un œil. Je le referme aussitôt lorsque la chambre baigne encore dans l’aube terne. Un peu plus tard, le soleil traverse mes paupières. Il décalque la lampe chinoise sur le mur blanc et les mailles de la porcelaine s’y impriment comme une résille de lumière. La boite à bijoux de Jeanne, plaquée de miroirs et biseautée sur les angles, jette des arcs-en ciel. Je me lève.

Ce matin, je regarde pousser l’herbe de mon jardin que je ne coupe plus. Comme ma barbe. Combien de temps faudra-t-il de confinement pour que je puisse y passer un peigne comme dans une chevelure ? Et mon jardin, combien de temps lui faudra-t-il pour que la tondeuse n’y puisse plus mordre dedans ? Autour d’une vieille pompe à eau que j’ai placée au milieu, le trèfle a grandi jusqu’à mi hauteur. C’est une sorte de trèfle à quatre feuilles dont chacune d’elles est divisée en deux, très symétriquement, au point de dessiner un cœur. Et au cœur du cœur, une tache noire y vient ponctuer le regard. En fait de trèfle, il s’agit d’oxalis. Mais qu’importe. Une image familière est désormais en vous sur laquelle vous saupoudrerez les fleurs d’un jaune vif que le crépuscule referme doucement.

 Ce matin, Jeanne et moi avons fait le tour du jardin. Une promenade d’une heure environ. Grand Dieu, quel jardin ! Mais combien faut-il d’hectares pour qu’un périmètre y puisse prendre tant de temps ? Voilà un problème de géométrie que je poserai bien sur Pronote, dans le cadre de la continuité pédagogique, à mes élèves aussi confinés. « Sachant que Jeanne et moi marchons à une allure de 2km par heure, qu’en une heure nous avons fait le tour de la demeure, qu’une circonférence (C) se mesure par le Diamètre x 3.14, chercher D. Puis chercher la surface en hectares de la propriété sachant que S = ∏ x R² et que D = R x 2 ».

Est-il utile de vous dire, de leur dire, avant qu’ils ne me retournent que Pronote est saturé pour se dispenser de faire le devoir, que mon jardin ne mesure que 450 mètres carrés. Mais que nous y avons flâné en ce matin de printemps pour y voir naitre, à la base du cerisier, les premières pousses, sur les ceps, la première vigne qui couvrira bientôt la tonnelle. Le prunier est en fleurs et sa blancheur est piquée ça et là du vert tendre des feuilles qui naissent simultanément. Le rosier est en bouton. Des abeilles butinent les fleurs bleues du romarin et nous regardons d’un mauvais œil le frelon qui leur tourne autour. Nous avons découvert les fleurs pourpres de l’akebia dont, pourtant, le feuillage massif couvre le mur sud du jardin depuis que nous habitons cette maison. Nous avons découvert qu’elles sont comestibles, comme l’allium sauvage, comme l’oxalis, le pissenlit, l’oseille sauvage et la langue de bœuf dont on fait les tartes aux herbes.

Ah Jeanne ! Qu’avons-nous besoin d’une attestation pour sortir chercher l’aliment du supermarché dans le périmètre réduit que le préfet nous concède dans son dernier arrêté ?

Correction du problème : demain

 

Olga Tokarczuk : Dieu, le temps, les hommes et les anges par Hervé ROSTAGNAT

📖 Chronique littéraire
📅 lundi, 24 février 2020 11:51

TOKARCZUK Olga « Dieu, le temps, les hommes et les anges ».

                Le village d’Antan se situe nulle part mais il se situe en Pologne. Il est au milieu de l’univers mais il est sur la terre. Il n’a pas de frontières mais il est délimité. On ne peut les franchir mais elles sont franchissables puisqu’au-delà de cette utopie, il est possible de se rendre ailleurs. Mais « Qu’est-ce qu’on en a à faire d’autres mondes ? »[i] Quelle utopie d’ailleurs puisque le quotidien de ses habitants est le quotidien de tous avec l’amour, la haine, la politique, l’ennui, le péché, les mariages, les naissances et les décès. Le temps passe comme partout et même très vite puisqu’en 400 pages, trois générations se succèdent. Le lecteur (comme les membres des familles Divin ou Céleste) s’étonne d’en être là où il est (là où elles sont) sans avoir vu venir l’instant fatal du livre qui se ferme (ou de la vie qui s’éteint).

                Et quid de Dieu dans le temps de cette fiction qui n’en est pas une ? Car la guerre est présente comme dans l’Histoire. Celle de 14 et celle de 1939 avec leurs horreurs caractéristiques d’un vrai passé. Un passé qui pèse sur des mémoires pourtant aussi volatiles que l’esprit d’un châtelain Popielski, d’une Glaneuse ou d’un Mauvais Bougre.

                Ce petit peuple est lesté à Antan par un quotidien d’une affligeante banalité. Il est confiné entre deux rivières, la Noire et la Blanche, d’où sourdent, comme l’eau vive, la poésie d’un conte de noël et le chant d’une nature aussi vivante que lui.

                Et Dieu, donc ? Il est un bon comptable et surveille les rubriques « crédit », « débit »[ii] comme le Dieu de Leibniz qui recherche l’optimum de bonheur dans un monde ou il n’a pas de pouvoir sur le mal qui est. Le mal est, un point c’est tout. Il faut faire avec. Mais l’homme n’est-il pas à l’image de Dieu également comptable de sa foi qui lui sera comptée[iii] ou des zlotys qu’on lui calcule à la messe lorsqu’au cours de la quête il achète son enterrement avant d’acheter son salut ? Dieu est bon mais il est méchant car dans sa multiplicité créatrice, il divise pour mieux régner. Mais Dieu est-Il le Créateur ou la Créature ? Il est infini, éternel, immuable et parfait mais il s’est arrêté en chemin de la perfection et se désintègre. Tout cela n’est, finalement, que vanité. Le châtelain Popielski a la « certitude que le monde va à sa fin, que la réalité se désintègre comme du bois vermoulu et que tout cela est dénué de sens »[iv]. C’est le leitmotiv d’Olga Tokarczuk qu’elle raconte aussi avec beaucoup de poésie dans « Sur les ossements des morts ».

                Dieu est-il ? Ou les hommes sont-ils Dieu ? Il sont Divin et Céleste. Divin siège sur le toit du château et de son souffle immense, il chasse les gens dans tous les sens. Et le vieux juif n’est-il pas plus puissant que Dieu car il rassérène le châtelain Popielski avec sa philosophie. Comme Socrate, il n’a pas réponse à tout. Il a question à tout. Et Olga Tokarczuk, n’a-t-elle pas aussi question à tout ?

[i] Olga Tokarszuk, « Dieu, le temps, les hommes et les anges » chez Robert Laffont, collection Pavillon poche, page 168.

[ii] Op. Cit. page 15.

[iii] Op. Cit. page 197.

[iv] Op. Cit. page 110.

 

Olga Tokarczuk : sur les ossements des morts par Hervé ROSTAGNAT

📖 Chronique littéraire
📅 samedi, 04 janvier 2020 17:20

« Sur les ossements des morts »… on se demande. Et puis la noirceur du roman nous révèle la noirceur du titre. Mais celui là ou un autre. Enfin l’auteure, à la toute fin du roman, décrivant le basculement de l’automne vers l’hiver, récite pour elle-même, approximativement, un vers de William Blake : « Conduis ta charrue par-dessus les ossements des morts ».

Suite de la chronique

 

Du romantisme au réalisme dans l'œuvre de Georges Sand "Mauprat" par Hervé ROSTAGNAT

📖 Chronique littéraire
📅 mercredi, 18 décembre 2019 17:57

Quelques jouvenceaux incompétents sont en train de casser les jouets que les électeurs ont bien voulu leur prêter : la République, les services publics, les retraites, que sais-je encore. Qui peut bien, aujourd’hui, leur faire la leçon, si tant est qu’ils aient envie de tendre l’oreille, que nos illustres ainés tels que Giono, George Orwell ou précisément Georges Sand dont nous chroniquons le roman intitulé Mauprat ?

Evidemment, on dira que ces auteurs sont d’un autre temps, que leurs propos ne sont plus d’actualité, que l’évolution des mœurs et des technologies les a rendus obsolètes et qu’il sont, par conséquent, bons à jeter dans les poubelles de l’histoire. Parce que ces gens là jettent le substrat de l’histoire qui nous structure comme ils ont jeté le substrat de la terre qu’il ont épuisé par une agriculture intensive, pour faire de l’Homme un être objectif. Un être sans passé et évidemment sans avenir au vu de la rapidité à laquelle ils épuisent la planète.

Mais nous nous interrogeons sur ce qu’il peut bien y avoir d’obsolescence dans des valeurs universelles telles que le respect de l’autre (qui n’est d’ailleurs rien d’autre que le respect de soi comme disait Rousseau), le sens de la collectivité, la démocratie, l’égalité voire même l’équité.

Mauprat est singulier par sa modernité. Ouvrage socialiste et féministe, il nous a surpris par la multiplicité des genres qu’il emprunte pour raconter une histoire (d’amour) dans l’Histoire (révolutionnaire). Entre autres genres, nous pourrions le classer dans les romans d’anticipation. Mais il y a un hic. C’est que Georges Sand n’a pas, en 1834, anticipé sur la formidable régression sociale dont nous sommes, malheureusement, aujourd’hui les témoins.

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