Ailée de son vrai nom Mouna El Gaied est une femme de 48 ans, franco-tunisienne, mais avant tout citoyenne sans frontières, maman d’Adam, « grande fille » d’Amel et de Mohamed, petite poussière de l'univers qui cherche à honorer son existence sur Terre …
Maîtresse de Conférences depuis presque 18 ans, Professeure de yoga et de danse orientale, autrice en herbe ayant publié quelques textes et poèmes, passionnée de mille et une facettes de « la vie qui nous grandit » !
Elle remercie La Revue Littéraire L’Altérité de lui donner cette occasion de faire résonner sa voix …
Du fond du cœur, elle remercie également :
Son mari et sa sœur, ses plus grands soutiens depuis bien longtemps …
Les Stanislas pour l’écoute à toute épreuve …
& Ses « magnifiques » thérapeutes
Ainsi que tous les autres professionnels qui l’ont accompagnée dans cette longue et périlleuse traversée du tunnel …
Quelques-unes de ses publications :
Grandir
Dissimulant en elle des images caméléon
Enterrant dans son corps des secrets pesants
Voulant tout maîtriser par la tête
Tout semblait beau et stable
Dans sa vie, tout semblait aller … bien !
Grandir
Les images deviennent larves
Les secrets deviennent MAL-être
Le corps est rongé de partout
Souffrant
Voulant parler, crier …
S’étouffe
Lance des cris muets …
Et la tête continue de tout maîtriser : « Il faut assumer : souffrir en silence sans perturber » !
Grandir
Dans le tunnel sans issue
Des décennies à chercher une porte de sortie
Les moments de souffrance, elle ne les compte plus
Cela fait partie de sa vie …
Grandir
Dans le tunnel encombré
Un problème intime à l’adolescence longtemps tu : honte et culpabilité
Une « relation » vécue dans la famille à l’entrée de l’âge adulte qu’elle ne pouvait dévoiler : affection, complicité, aide, bons moments, « bonnes » intentions, emprise bienveillante, première fois, non consentement, outrepassement …
Qui selon lui fut un accident : « c’est arrivé involontairement … après tout, ce n’est pas si important … mais pour ces peines causées inconsciemment, ça fait tellement mal … Pardon »
Que doit-elle penser de ses affirmations ?
Qu’elle cherche à considérer raisonnablement
À raisonner consciencieusement sans résultat
Se tourmenter jusqu’à la fin des temps ?
Dans son corps se trouvait pourtant, la réponse à ses questions
Un été tempétueux où plongée dans un morcellement traumatique, elle finit par se ramasser, échapper à une noyade amorcée
Revenir dans la vie mais à quel prix !
Une miraculée ?
Grandir
Dans le tunnel incendié
Se relever de ses cendres et continuer
Après le feu, orage et pluie
Puis, arrive le temps de l’anesthésie
Grandir
Dans le tunnel sombre
Les yeux secs comme toutes les larmes qu’elle n’a pas pleurées
Le corps vide comme tous les morceaux qu’on lui a ôtés
Le cœur fatigué comme cet espace d’errance où elle ne savait où aller
Grandir
Dans le tunnel dépendant
Puiser sa valeur dans un flux d’approbations
A coup de superlatifs et d’idéalisations
Grandir
Dans le tunnel des épreuves héritées
Des aïeules « belles » et brisées
Ces femmes qui avant elles, se sont tues
Sexe, Famille et Secrets
Comme elles, des fardeaux, elle en a portés
Mises sur un piédestal, exposées aux dangers
Entre l’enclume et son marteau, elles se sont vues écrasées
Mission de vie : ouvrir des non-dits, guérir son âme, libérer sa lignée !
Grandir
Dans le tunnel glissant
Perdre appui, sans fond, de plus en plus profond
Quitter sa clairvoyance
Participer à son propre ébranlement
Risquer le naufrage
Dans l’imprévisibilité de vagues sauvages
Grandir
Dans le tunnel du « bien emballé »
Ne pas perce-voir des non banalités
Comment prendre position face à l’apparent « bien » ?
Grandir
Dans le tunnel caché
Honorer sa loyauté
Garder les secrets … cadenassés !
Grandir
Dans le tunnel tordu
Lui faire du mal en voulant lui faire du bien
Grandir
Dans le tunnel écartelé
S’obstiner à cacher ce qu’elle veut montrer
Grandir
Dans le tunnel perturbé
Avancer en reculant
Reculer en avançant
Grandir
Dans le tunnel tiraillé
Cesser par amour, de les protéger ?
Grandir
Dans le tunnel vacillant
Tanguer, flotter
Au risque de tomber
Dans la fosse-té
S’avancer en terrain miné
Sur la pointe des pieds
La tête en surchauffe
Prête à exploser
Cacher sa détresse et avancer
Puis patienter …
Dans l’antichambre de la vérité
Grandir
Dans le tunnel suspendu
Marcher sans marcher
Sur le fil tendu
Le regard fixé
Chercher « les bonnes » questions
Prendre de la hauteur
Croire en sa bonne étoile
Sans jamais perdre espoir
Grandir
Dans le tunnel purgatoire
Purger sa peine
Prisonnière de ses culpabilités
Est-elle victime, coupable ou complice ?
Se donner tant de peine … sans arriver au bout de ses peines …
Grandir
Dans le tunnel responsable
Vouloir faire la part des choses
Se couper en parts
« Se mettre à la place »
Perdre sa place …
Se remettre en cause
Sans rien mettre sur pause
Grandir
Dans le tunnel résilient
Préserver sa douce vie
Et tout ce qu’elle a construit
S’accrocher
Étant épaulée
Ne pas se laisser avaler, happée par le passé présent !
Grandir
Dans le tunnel sacrifié
Être en survie
Condamnée à (se) cacher
Pour préserver sa vie
Jeunesse volée, envolée, volatilisée
Grandir
Dans le tunnel perdu
Elle tente de redessiner les contours
D’une image ancrée dans le miroir
Elle est peut-être la plus belle des images … un mirage ?
Grandir
Dans le tunnel du cri ambigu
Coincée dans une ambivalence crue
Comment … ?
Que faire … ?
Ne pas se laisser engloutir ?
Paraître ?
Sur-vivre … ?
Comment
Trouver la stabilité dans l’instable ?
La clarté dans le sombre ?
Le sombre dans le clair ?
Dans l’opaque confusion
Dans le flou brouillé où tout s’entremêle,
Comment avancer sans perdre pied ?
Comment avancer sans se fracasser ?
Grandir
Dans le tunnel sourd-muet
Prendre sur elle et contenter
Se rendre disponible pour consoler
Au moment où elle devrait, elle-même, être aidée
Autour d’elle
Hyper présence mais absence
Bruit et brouhaha en silence
Ne pas vouloir entendre
Faire la sourde oreille
Pourquoi remuer le passé ?
Venir nous perturber ?
Grandir
Dans le tunnel usé
S’inquiéter pour sa santé
Va-t-elle tenir ou s’écrouler ?
Garder toute sa tête, sa lucidité
De front, continuer à tout mener ?
Grandir
Dans le tunnel obstrué
Ruminer
Régurgiter
Déboucher
Finir par vomir la toxicité accumulée
Grandir
Dans le tunnel dissonant
Retirer son costume
De représentation
Sortir de l’interférence
Et …
Trouver sa juste fréquence !
Grandir
Dans le tunnel d’un looong cri
Crier sans voix
Creuser son désarroi
Croquer sa véritable silhouette
Remuer ciel et terre
Portée par l’univers-el
Avec courage et fébrilité
Revenir aux concerné.e.s
Lui et « sa moitié »
Tenter de dénouer …
Sur fond enchevêtré
Mesurer la difficulté
Avec lucidité
Cirer le miroir
Appréhender l’opaque, le flou
Ôter le voile qui empêchait de voir
Donner à sa vérité éclaircie
Enfin le droit d’exister
Déterminer les responsabilités
Et espérer : Reconnaissance et paix !
Revenir à l’essentiel
S’ancrer, respirer, conscientiser, re-connaître, comprendre, accepter, crever l’abcès, assainir, laisser partir, dé-construire, rétablir, transformer, re-câbler, re-calibrer, re-connecter, ré-intégrer, se détacher, se récupérer, s’écouter, se respecter, sortir des binarités, réunir ses polarités, ré-apparaître dans son entièreté
Assumer son histoire
Pouvoir la raconter …
Liberté !
Et
Tout re-devient possible :
Ouvrir le non-dit
Sortir de son cri
S’installer dans la Vérité
Arriver au bout du tunnel
Au toucher de l’arc en ciel
Bonjour la vie
La femme laisse
Ses cheveux s’envoler dans le vent …
Ailée, 2024
Ailée comme elle est avec ses fêlures et ses dorures …
Image inspirée de l’art japonais du Kintsugi.
Ailée reconnaissante envers les personnes ayant contribué directement ou indirectement à cette gestation.
Pour que chaque histoire étouffée puisse trouver le chemin de la liberté … être considérée et racontée !
Note de l'éditeur
Le Kintsugi est une métaphore de la résilience. C'est l'art de réparer les objets en sublimant les cassures grâce à de la poudre d'or (kintsugi veut dire "joindre à l'or") destinée à recoller les morceaux.
Linogravure de Dalia Créa
