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EL GAIED Mouna

Ailée de son vrai nom Mouna El Gaied est une femme de 48 ans, franco-tunisienne, mais avant tout citoyenne sans frontières, maman d’Adam, « grande fille » d’Amel et de Mohamed, petite poussière de l'univers qui cherche à honorer son existence sur Terre …

Maîtresse de Conférences depuis presque 18 ans, Professeure de yoga et de danse orientale, autrice en herbe ayant publié quelques textes et poèmes, passionnée de mille et une facettes de « la vie qui nous grandit » !

Elle remercie La Revue Littéraire L’Altérité de lui donner cette occasion de faire résonner sa voix …

Du fond du cœur, elle remercie également :

Son mari et sa sœur, ses plus grands soutiens depuis bien longtemps …

Les Stanislas pour l’écoute à toute épreuve …

& Ses « magnifiques » thérapeutes

Ainsi que tous les autres professionnels qui l’ont accompagnée dans cette longue et périlleuse traversée du tunnel …

Quelques-unes de ses publications :

Poème d'Ailée - Jusqu’au boutisme !...- Souffle inédit

Laisser entrer le soleil… - Ailée - Souffle inédit

Mouna EL GAIED "La vie qui nous grandit"

📖 Poésie
📅 lundi, 29 septembre 2025 09:25

Grandir

Dissimulant en elle des images caméléon

Enterrant dans son corps des secrets pesants

Voulant tout maîtriser par la tête

Tout semblait beau et stable

Dans sa vie, tout semblait aller … bien !

 

Grandir

Les images deviennent larves

Les secrets deviennent MAL-être

Le corps est rongé de partout

Souffrant

Voulant parler, crier …

S’étouffe

Lance des cris muets …

Et la tête continue de tout maîtriser : « Il faut assumer : souffrir en silence sans perturber » !

 

Grandir

Dans le tunnel sans issue

Des décennies à chercher une porte de sortie

Les moments de souffrance, elle ne les compte plus

Cela fait partie de sa vie …

 

Grandir

Dans le tunnel encombré

Un problème intime à l’adolescence longtemps tu : honte et culpabilité

Une « relation » vécue dans la famille à l’entrée de l’âge adulte qu’elle ne pouvait dévoiler : affection, complicité, aide, bons moments, « bonnes » intentions, emprise bienveillante, première fois, non consentement, outrepassement …

Qui selon lui fut un accident : « c’est arrivé involontairement … après tout, ce n’est pas si important … mais pour ces peines causées inconsciemment, ça fait tellement mal … Pardon »

Que doit-elle penser de ses affirmations ?

Qu’elle cherche à considérer raisonnablement

À raisonner consciencieusement sans résultat

Se tourmenter jusqu’à la fin des temps ?

Dans son corps se trouvait pourtant, la réponse à ses questions

Un été tempétueux où plongée dans un morcellement traumatique, elle finit par se ramasser, échapper à une noyade amorcée

Revenir dans la vie mais à quel prix !

Une miraculée ?

 

Grandir

Dans le tunnel incendié

Se relever de ses cendres et continuer

Après le feu, orage et pluie

Puis, arrive le temps de l’anesthésie

 

Grandir

Dans le tunnel sombre

Les yeux secs comme toutes les larmes qu’elle n’a pas pleurées

Le corps vide comme tous les morceaux qu’on lui a ôtés

Le cœur fatigué comme cet espace d’errance où elle ne savait où aller

 

Grandir

Dans le tunnel dépendant

Puiser sa valeur dans un flux d’approbations

A coup de superlatifs et d’idéalisations

 

Grandir

Dans le tunnel des épreuves héritées

Des aïeules « belles » et brisées

Ces femmes qui avant elles, se sont tues

Sexe, Famille et Secrets

Comme elles, des fardeaux, elle en a portés

Mises sur un piédestal, exposées aux dangers

Entre l’enclume et son marteau, elles se sont vues écrasées

Mission de vie : ouvrir des non-dits, guérir son âme, libérer sa lignée !

 

Grandir

Dans le tunnel glissant

Perdre appui, sans fond, de plus en plus profond

Quitter sa clairvoyance

Participer à son propre ébranlement

Risquer le naufrage

Dans l’imprévisibilité de vagues sauvages

 

Grandir

Dans le tunnel du « bien emballé »

Ne pas perce-voir des non banalités

Comment prendre position face à l’apparent « bien » ?

 

Grandir

Dans le tunnel caché

Honorer sa loyauté

Garder les secrets … cadenassés !

 

Grandir

Dans le tunnel tordu

Lui faire du mal en voulant lui faire du bien

 

Grandir

Dans le tunnel écartelé

S’obstiner à cacher ce qu’elle veut montrer

 

Grandir

Dans le tunnel perturbé

Avancer en reculant

Reculer en avançant

 

Grandir

Dans le tunnel tiraillé

Cesser par amour, de les protéger ?

 

Grandir

Dans le tunnel vacillant

Tanguer, flotter

Au risque de tomber

Dans la fosse-té

S’avancer en terrain miné

Sur la pointe des pieds

La tête en surchauffe

Prête à exploser

Cacher sa détresse et avancer

Puis patienter …

Dans l’antichambre de la vérité

 

Grandir

Dans le tunnel suspendu

Marcher sans marcher

Sur le fil tendu

Le regard fixé

Chercher « les bonnes » questions

Prendre de la hauteur

Croire en sa bonne étoile

Sans jamais perdre espoir

 

Grandir

Dans le tunnel purgatoire

Purger sa peine

Prisonnière de ses culpabilités

Est-elle victime, coupable ou complice ?

Se donner tant de peine … sans arriver au bout de ses peines …

 

Grandir

Dans le tunnel responsable

Vouloir faire la part des choses

Se couper en parts

« Se mettre à la place »

Perdre sa place …

Se remettre en cause

Sans rien mettre sur pause

 

Grandir

Dans le tunnel résilient

Préserver sa douce vie

Et tout ce qu’elle a construit

S’accrocher

Étant épaulée

Ne pas se laisser avaler, happée par le passé présent !

 

Grandir

Dans le tunnel sacrifié

Être en survie

Condamnée à (se) cacher

Pour préserver sa vie

Jeunesse volée, envolée, volatilisée

 

Grandir

Dans le tunnel perdu

Elle tente de redessiner les contours

D’une image ancrée dans le miroir

Elle est peut-être la plus belle des images … un mirage ?

 

Grandir

Dans le tunnel du cri ambigu

Coincée dans une ambivalence crue

Comment … ?

Que faire … ?

Ne pas se laisser engloutir ?

Paraître ?

Sur-vivre … ?

Comment

Trouver la stabilité dans l’instable ?

La clarté dans le sombre ?

Le sombre dans le clair ?

Dans l’opaque confusion

Dans le flou brouillé où tout s’entremêle,

Comment avancer sans perdre pied ?

Comment avancer sans se fracasser ?

 

Grandir

Dans le tunnel sourd-muet

Prendre sur elle et contenter

Se rendre disponible pour consoler

Au moment où elle devrait, elle-même, être aidée

 

Autour d’elle

Hyper présence mais absence

Bruit et brouhaha en silence

Ne pas vouloir entendre

Faire la sourde oreille

Pourquoi remuer le passé ?

Venir nous perturber ?

 

Grandir

Dans le tunnel usé

S’inquiéter pour sa santé

Va-t-elle tenir ou s’écrouler ?

Garder toute sa tête, sa lucidité

De front, continuer à tout mener ?

 

Grandir

Dans le tunnel obstrué

Ruminer

Régurgiter

Déboucher

Finir par vomir la toxicité accumulée

 

Grandir

Dans le tunnel dissonant

Retirer son costume

De représentation

Sortir de l’interférence

Et …

Trouver sa juste fréquence !

 

Grandir

Dans le tunnel d’un looong cri

Crier sans voix

Creuser son désarroi

Croquer sa véritable silhouette

 

Remuer ciel et terre

Portée par l’univers-el

Avec courage et fébrilité

Revenir aux concerné.e.s

Lui et « sa moitié »

Tenter de dénouer …

Sur fond enchevêtré

Mesurer la difficulté

 

Avec lucidité

Cirer le miroir 

Appréhender l’opaque, le flou

Ôter le voile qui empêchait de voir

Donner à sa vérité éclaircie

Enfin le droit d’exister

Déterminer les responsabilités

Et espérer : Reconnaissance et paix !

 

Revenir à l’essentiel

S’ancrer, respirer, conscientiser, re-connaître, comprendre, accepter, crever l’abcès, assainir, laisser partir, dé-construire, rétablir, transformer, re-câbler, re-calibrer, re-connecter, ré-intégrer, se détacher, se récupérer, s’écouter, se respecter, sortir des binarités, réunir ses polarités, ré-apparaître dans son entièreté

Assumer son histoire

Pouvoir la raconter …

Liberté !

Et

Tout re-devient possible :

Ouvrir le non-dit

Sortir de son cri

S’installer dans la Vérité

Arriver au bout du tunnel

Au toucher de l’arc en ciel

Bonjour la vie

La femme laisse

Ses cheveux s’envoler dans le vent …

 

Ailée, 2024

Ailée comme elle est avec ses fêlures et ses dorures …

Image inspirée de l’art japonais du Kintsugi.

Ailée reconnaissante envers les personnes ayant contribué directement ou indirectement à cette gestation.

Pour que chaque histoire étouffée puisse trouver le chemin de la liberté … être considérée et racontée !

 

Note de l'éditeur

Le Kintsugi est une métaphore de la résilience. C'est l'art de réparer les objets en sublimant les cassures grâce à de la poudre d'or (kintsugi veut dire "joindre à l'or") destinée à recoller les morceaux.

 

  Linogravure de Dalia Créa

Dalia Créa 3