FELDMAN Jean-Marc

Jean-Marc Feldman est né en 1957 à Paris.
Il a exercé le métier d’instituteur.
Il vit sous les falaises de Chartreuse depuis bientôt quarante ans.
Il est animé depuis toujours par un besoin de créer, de participer à des projets culturels et artistiques qui s'ouvrent au monde social.
Elu communal, il a piloté la réalisation d’un Centre Culturel d’apprentissage et de production en milieu rural.
Il écrit de la poésie depuis une quinzaine d’années et publie ses textes sur son blog l'ANCre NoMAde .
On a pu le lire dans les revues Mot à maux, Voix d’Encre, Décharge, Haies vives, Traction Brabant,  Les Embruns, Spered Gouez, et prochainement Lichen et Traversées.
Il vient de donner naissance à la revue poétique numérique sociale et humaniste "Hespérie".

"Cheveux tirés courts du jour" de Jean Marc Feldman tiré du recueil "Un semblant de chamade"

📖 Poésie
📅 mercredi, 04 décembre 2024 09:00

  

J’ai frotté mon museau aux semonces des songes

C’est ainsi

quand des visages

on s’absente trop longtemps

on cause chiffon avec le minéral

 

Il y a tant à raconter

pour s’éviter les pires

pirates et seigneurs de guerre

On délie des narrations de sciures

de bois secs

paroles d’anges ou d’absents

On interroge

le destin les insectes en hiver

cette flamme malhabile les matins de gel

la valeur d’une chimère

 

Je me balance d’un pied sur l’autre

pour me nourrir d’un semblant de chaleur

hoche du menton

parce qu’il faut bien donner le change

 

Et puis

c’est fou les cheveux tirés courts du jour

et les rideaux si vite

sur les papillons survivants

clos

Je range à la hâte ce que le froid torture

 

Bol chaud pour raviver le sang

et s’enquillent dans les doigts

des volées d’insectes

 

Maisons du silence

repliées en quatre

en deux

en solo

seule la face noire

à peine visible

quand on remonte la route du Col

Est-ce ainsi que l’hiver nous rend à la poussière

 

On entendrait les cordes

une sonate de Ludwig

Il y en a tant

 

Photographie Jean-Marc Feldman

La saison des linceuls

"Aborder la pente" de Jean Marc Feldman tiré du recueil "Un semblant de chamade"

📖 Poésie
📅 mercredi, 27 novembre 2024 09:00

 

Au revers des portes

l’inquiétude

et de notre fortune l’ubac

Par précaution

nous arrachons

aux lueurs des lunes pleines

plus de lumière que nécessaire

 

Balayer les miettes d’ondes

les cauchemars des pauvres gens

leur faire prendre l’air

pour du futur

conjurer le sort

 

Aborder la pente

de celles qui nous préparent au rugueux

le souffle sifflant des poumons d’automne

la faiblesse de l’être

qu’on mettra sur le compte

des froidures du matin

Et accorder notre flux au Flux

notre pouls au Pouls

 

Photographie Jean-Marc Feldman

Aborder la pente

"Le grand frêne" de Jean Marc Feldman tiré du recueil "Un semblant de chamade"

📖 Poésie
📅 mercredi, 20 novembre 2024 09:00

 

Te souviens-tu des matins et des soirs

Nous regardions le grand frêne

 

Celui qui apparut au secret de l’an

imprécis et né du hasard des vents

à présent charnu

d’entrelacs exultant

bleu à l’aurore

orangé au couchant

 

Te souviens-tu de ce presque demi-siècle

qu’il nous montre du doigt

effeuillant notre existence ici-là

lissant les paumes du champ d’en face

pour assoir tout à fait sa présence

et la grande montagne

lui faisant place de choix

par derrière la fenêtre

 

Photographie Jean-Marc Feldman

La saison de lermite

"S'en remettre au vol des pissenlits" de Jean Marc Feldman tiré du recueil "Un semblant de chamade"

📖 Poésie
📅 lundi, 11 novembre 2024 23:12

Tout revêt un semblant de chamade

Entre abandon et assouvissement

les nuées hésitent

 

A l’éclaircie qui insiste

aux errances singulières

le portail s’ouvre

 

D’un bouquet de fleurs de pissenlits

elle habille cet instant

 

Élégance du pas qui sillonne la piste

et en lisière du vide

chaloupe

quand du fond et du fleuve

remontent assourdis les flonflons d’une vogue

 

Paillettes assoupies au bout du bras

qui maintient sur le fût couché

d’un hêtre

l’équilibre du pas

Et toujours intègre la mue d’une fleur

lorsque d’un élan

le pas traverse de pierre en pierre l’onde

 

Et la voici soudain immobile et songeuse

à pleine goulée aspirant la nature

avec dans le regard

l’esquisse d’une espièglerie

 

Je m’en remets alors

au prompt zéphyr

au vol éphémère des parachutes fruités

et dans son regard d’enfant

la jubilation