Christophe Martinez dit "Pibal" est un poète français habitant Toulouse né le 9 juillet 1973 à Villeneuve sur Lot. Il est ancien professeur de lettres-espagnol et vend ses recueils de poésies dans la rue depuis 2003. Il est arrivé à la revue L'Altérité au hasard d'une rencontre sur la place Saint Aubin. Il vient de terminer son dernier recueil, le onzième, intitulé "cabo de gata".
Frileuse lune tu frémis
Teins les faubourgs de notre ville
En vert feu follet volubile
C’est l’heure où tous les chats sont gris
La brume lentement dépose
Son deuil, grésillent les néons
De quelques pubs sinistre chose
Qu’une jeunesse au diapason
Minuit la ronde des juke-box
Peut commencer Vincent s’étire
Londres et tombée info intox
Un ange pieusement soupire
Sur le pouls des regards absents
Une rose pâle a fleuri
Sourire absinthe, adolescent
Par un vieux miroir recueilli.
Photo L'Altérité
Le givre a posé son linceul
Sur notre coeur, sinistre friche
Retiens tes pleurs, nous voilà seuls
A promener morve et caniche
Entends l'écho, le chant du cygne
Gémir du fond de nos sillons
Je voudrais tant y voir un signe
Une étincelle, un dieu fécond
Mais nous voilà pris dans la brume
Honteux, craintifs, miaulant des psaumes
Vain charabia qui nous enrhume,
Essui ton nez petit bonhomme.
En nous ce rêve aura passé
La mort jouant ses éperons
Dernier sursaut et le regret
D'avoir vécu comme mormons.
Dans le silence baptismal
D'une nuit cent fois célébrée
J'oublie le soleil boréal
Traçant au ventre du quartier
Ses ombres chastes, calcinées
Cendres lues traversant le jour,
Plus rien ne survit à juillet
Dieu nous ignore, mon amour.
Magot contristé par la ville
Jouant sa cruelle saison
Le froid taquin, mon viel Achille
Lèche et mordille tes talons,
Se fait les dents sur ta semelle
Raisonnez donc l'hiver d'un chiot
Suivant nos pas dans des ruelles
Blanchies d'orties, couvre ta peau.
Monsieur grommelle une incartade
Un vent glacial couvre sa voix
Dieu seul sans doute le regarde
Trainer la patte à Courbevoie.
Illustration couverture : Nicolas MONJO