Valentina Casadei (1993) est une scénariste, autrice et réalisatrice italienne. Diplômée en histoire du cinéma au Dams de Bologne et en scénario à l'Eicar de Paris, elle a écrit et réalisé deux courts métrages, “End of September” (First Child, Italie, 2020) et “Ronde Nocturne” (Dublin Films, France, 2024). Elle enseigne actuellement l'écriture de scénarios à la Sorbonne et à l’Eicar, est lectrice de scénarios pour ARTE et le CNC, et développe son premier long métrage, "L'Enfant Seul", initié à l'Atelier Scénario de la Fémis 2021-2022, sous la supervision de Jacques Akchoti.
Ses poèmes et ses nouvelles ont été publiés dans diverses revues littéraires françaises et italiennes, en version papier et en ligne (Margelles, Ouste, Hélas, L’Alterité, La Vie Multiple, Fragile, RaiPoesia – sous la direction de Luigia Sorrentino - La Bottega della Poesia de La Repubblica de Bari et de Naples, Interno Poesia, Patria Letteratura, Gradiva, Argo, L'Irrequieto, Poeti del Parco, Margutte, Rock'n'Read, Il Foglio Letterario, Il Segnale, Poesia del Nostro Tempo, Ellin Selae, Poliscritture, Il Visionario...).
Elle a également publié quatre recueils de poèmes en Italie, “Tormento Fragile" (Bertoni Editore, 2018), “Il Passo dell’Inerzia" (Sama Edizioni, 2020), ”Uno Più Uno Fa Uno" (Edizioni Ensemble, 2020) et “Abitare la Ferita” (I Quaderni del Bardo, 2024). En France, elle a publié un recueil de poèmes, “Habiter la Blessure” (Éditions du Cygne, 2023), et une nouvelle poétique, “Plainte Contre A”, (Maintien de la
Reine, 2023), écrite directement en français.
En 2020, elle reçoit une mention spéciale du jury du Prix de la Ville de Latina et, avec l'une de ses nouvelles, elle remporte le concours national "Sei Autori in Cerca di Editore", organisé par la maison d’édition sicilienne Tomarchio Editore. En 2021, elle fait partie des finalistes du Prix Leandro Polverini et en 2022, elle est lauréate de la section "Poésie" du Prix Carver. En 2024, elle est lauréate du Prix littéraire de la Ville de Ravenne.
En 2024, Valentina anime un atelier de traduction poétique du français vers l'italien pour une classe de lycéens d'Esabac au Lycée Honoré d’Urfé de Saint-Étienne. Elle anime ensuite des ateliers de poésie pour des femmes issues de l'immigration à la Maison des Femmes de Paris.
Toujours en 2024, son dernier recueil, “Sans toit ni toi”, remporte la bourse découverte du CNL et est lauréat de la résidence de poésie “La Factorie” qui se déroulera en janvier 2025 à la Maison de la Poésie de Rouen.
BIBLIOGRAPHIE
2024, Italie ABITARE LA FERITA
recueil de poésie publié par I Quaderni del Bardo
Lauréat du Prix de la Ville de Ravenna
2023, France PLAINTE CONTRE A
nouvelle en poésie publié par Maintien de la Reine
2023, France HABITER LA BLESSURE
recueil de poésie publié par Éditions du Cygne
2020, Italie UNO PIÙ UNO FA UNO
recueil de poésie publié par Edizioni Ensemble
Lauréat du Prix Carver / Finaliste du Prix Polverini / Lauréat du Prix de la Ville de Latina
2020, Italie IL PASSO DELL’INERZIA
recueil de poésie publié par Sama Edizioni
poèmes parus sur RaiPoesia, La Repubblica, il Corriere della Sera, Interno Poesia...
2018, Italie TORMENTO FRAGILE
recueil de poésie publié par Bertoni Editore
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
Sur la notice d’information, on peut lire :
subir pour éviter le rejet,
l’aliénation après la révolte
alors on se laisse aimer et abuser
on est habitués ainsi
à être aimés , sucés, jetés
nous, là, à terre dans un crachat
à côté du vomi de l'alcoolique
et des crottes de chien
lavés par les éboueurs à cinq heures du matin
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
J'essaie de traduire « vuoto a rendere » en français et wikipedia m'indique « consigne »
mais littéralement, en italien, « vuoto a rendere » serait
vuoto = vide
a rendere = à rendre
la page italienne de wikipedia indique que « l'expression vuoto a rendere parle d’un contenant (généralement des bouteilles en verre, mais aussi des bouteilles en plastique), une fois vidé, doit être retourné au fournisseur afin d'être réutilisé (jusqu'à vingt réutilisations pour les bouteilles en plastique, quarante pour les bouteilles en verre). En général, l'acheteur du produit rendu paie une consigne, qui lui est restituée lorsque le produit est retourné »
Vide à rendre
à rendre à qui ?
à soi ? Rendre à soi
une dignité
Comment puis-je donner, donner, donner si j’ai été vidée ?
Maintenant je suis un vide à rendre
bouteille rendue une fois vidée
tu es allé au supermarché
parmi toutes les bouteilles, tu m'as choisie
et jour après jour tu as commencé à boire
une fois que je n'avais plus d'eau à l’intérieur
je suis devenue une bouteille vide
et tu m'as rendue
tu aurais pu aussi
me remplir un peu
ajouter de l'eau du robinet de temps
en temps du jus de citron pressé à la main
me transformer en pot de fleurs bac à œufs bougeoir porte-bijoux
spray de ménage tablette de peinture bocal à sucreries petit panier
pour la cueillette mangeoire à oiseaux
mais tu m'as rendue
et tu es retourné au supermarché
à la recherche d'une nouvelle bouteille à vider
à la recherche de la bouteille avec la meilleure boisson
ce sont celles que tu préfères
vider les plus riches des richesses
mais quoi qu'il en soit tu ne sais pas quoi foutre de cette richesse
Les lundis, tant de vides rendus, jetés
des cicatrices sous l'œil, sur le cœur
20 réutilisations par bouteille
20 allers-retours
20 attrape et relâche
faibles révolutions de bouteilles vidées
bouteilles jetées
bouteilles incassables qui retournent à se remplir de nouveau,
petit à petit bouteilles trop abimées qui renoncent :
plastique recyclé qui devient autre chose
partout des vides à rendre, à caresser
Comment puis-je donner, donner, donner si j’ai été vidée ?
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
Absorber l’engueulade
acter l’engagement
il n’y a plus rien
plus rien, dans le chaos
on veut les fiches de paie
les fiches de pardon
les fiches de douceur
dix mois de retard un retard
d’un fils et un mois
déclarer les heures
déclarer les galères mettre en place
un protocole
qui nous protège tous
un protocole blanc
où la présence renonce au contour
où la jungle dévore toute capacité à s’aimer
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
Leur frisson couvert par des vêtements trop grands ou trop serrés
ceux trouvés dans les poubelles, au bord des routes
Clémentine et sa soixantaine
Clémentine et ses cernes
ses rêves
ses pertes
ses maladies
ses désespoirs
Clémentine et un pull rose
avec motifs de fraises rouges estampés à la main
tout collé sur son corps en surpoids
sur son gros ventre de bière
qui couvre son nombril
ce trou profond
ce vide dans lequel chacun se perd
ce vide dans lequel chacun se voit
sur l’étiquette du pull : 12 ans
Clémentine à douze ans jouait avec les poupées ou tuait les lézards ?
Clémentine à soixante ans tue les porcs
exterminations de masse, regards revolver
bang bang bang bang bang ra-ta-ta-ta-ta-ta-ta-taaaaaaaaaaaaaaaaaa
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
Tu disais toujours : les adieux, jamais ! Des liens, coûte que coûte… Même si je
n'existe pas pour l’autre, même si je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour
l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour
l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour
l’autre, je n'existe pas pour l’autre, je n'existe pas pour l’autre,
Et tu finis par ne plus exister pour toi-même non plus
t'es un petit rien du tout
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
Betta s'est mariée
À l’église
aux époux
le prêtre a dit
"je recommande toujours les baisers à volonté"
Que fait dieu devant les baisers à volonté ?
Il s'excite ?
Et les gifles ?
Devant les gifles à volonté il fait quoi ?
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
Le recueil de poésies de Valentina Casadei "Sans toit ni toi" vient tout juste de gagner la bourse de découverte du CNL. Avec ce recueil, l'auteure a été sélectionnée par la résidence d'écriture à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie, qui se tiendra à Rouen en janvier. Nous publions les nouveaux poèmes qui viennent étoffer le recueil dont L'Altérité a déjà publié de larges extraits.
L’anonymat est un refuge
l’axe préférentiel de cet univers sans repaires
où les secrets cachés derrière les lunettes à soleil
sont tranquilles comme la Seine en été
je sais que la richesse ce n'est pas que de l’or
et mon cœur qui ne veut plus se nourrir
détruit les restes de ton sperme
Aime moi jusqu’à ce que je m’aime moi-même
Valentina Casadei "Sans toit ni toi"
L’Altérité publie un extrait du dernier recueil de Valentina Casadei intitulé « Sans toit ni toi » relatif au sans-abrisme. Le mélange de compassion et l'absence de concession que l’auteure témoigne à l'égard des multiples personnages dont elle fait un portrait juste nous conforment l'idée selon laquelle, finalement, les pauvres, c’est emmerdant. Mais il faut le faire. On ne les aime pas pour soi. On ne les aime pas pour eux non plus parce qu’on ne les connait pas. Il ne faut rien attendre d’eux. Et ils n’attendent rien d’autre de nous que la soupe qui ne sera, d’ailleurs, jamais assez bonne. Mais il faut le faire. S’ils gueulent, ils gueulent. S’ils rechignent, ils rechignent. S’ils se disputent, ils se disputent. S’ils ne disent pas merci, ils ne disent pas merci. Mais il faut le faire. Ils sont mortaise. Et nous tenon. Comme la roche qui tient dans l’enrochement. De cette complémentarité objective et universelle telle que la nature nous en donne l’exemple, ils tirent la satisfaction d’un besoin primaire dont il est inutile de juger leur impossibilité à le satisfaire eux même. Et nous sommes partie de cette symbiose, de cette biologie réciproque qui rééquilibre le monde. « Le borderline le bipolaire le schizophrène le dépressif le maniaque le narcissique le grandiose le vulnérable le pervers le pédophile le toxicomane le névrosé le dissocié le fugitif le violent le compulsif… » ne sont pas des parasites. Ils sont. Il faut le faire. Le faire, c’est faire avec. Faire avec, c’est échanger. Echanger, c’est se convaincre qu’il n’y a peut-être pas d’autre morale que la nature, que le Dieu optimisant de Leibnitz face à l’homme maximisant c’est-à-dire, finalement, l’homme parasite de lui-même. Mais comme cette rationalité mécaniste nous glace un peu même si elle vise à atténuer l’empire de nos mesquins affects, sourions en tendant la soupe. Et cueillons dans cette boue, le sourire d’une fleur de lotus.
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"Le lundi suivant
Olivier commande toujours pour deux
les plats habituels, les boissons habituelles je ne dis rien, je le sers
mais c'est lui qui me parle
il me dit que sa femme a les mêmes goûts que lui les mêmes goûts de chair électrique, d’os
j'essaie de ne pas être trop intrusive
je lui demande si c'est pour elle qu'il prend aussi un verre Olivier acquiesce et s'éloigne
prêt à la rejoindre
elle l'attend, assise à sa place habituelle sur la petite colline
juste devant le stand
sa transparence à l'ombre d'un tilleul"
Voilà une rencontre fortuite entre l’écriture et l’image. Une photo et un livre, n’importe quel livre. La page d’un livre, n’importe quelle page. Des mots et une image. Et sur l’image, n’importe quels gens. Voilà l’haïsha qui nait. “Ce projet est né de l’union de photographies que j’ai prises de personnes dans la rue avec d’anciens livres publiés dans les années 20 et 30 du 20ème siècle. Pour chaque image, j’ai choisi une page de manière aléatoire et, de cette page, j’ai combiné des mots que j’ai sélectionnés de manière à créer une sorte d’haïku qui pourrait être représentatif du sujet de l’image”.
Dentro ai nodi stretti
annidati i miei strilli
slacciati se il tempo mi prende tutto
la nave che parte e non fa ritorno
la corda dell’arco ben tesa
la freccia puntata sulla preda
per catturare il pianto
e ferirlo nella crepa
Dans les nœuds serrés
se sont nichés mes cris
défaits si le temps m'enlève tout
le bateau qui part et ne revient plus
la corde de l'arc bien tendue
la flèche pointée vers la proie
pour attraper les pleurs
et la blesser dans sa fissure