Coronachronique N°33 (27/4/2020)
Emma BROUILLET
C'est quoi un confinement ? Je suis née avant ou pendant ? Et c'était quoi mon métier d'avant ? Ah parce ce que j'ai pas toujours fait ça ? Ah bon ! J'aime bien pourtant.
Lever, lavage de dents puis direction cuisine, thé et tartines, parfois de la confiture mais pas tant ! Ouvrir en grand les fenêtres pour respirer le vent face à la colline comme à la proue d'un navire filant... tailler les crayons, non ! M'habiller avant... puis ranger les gommes dans le frigo, en sortir les feuilles de canson, Non ! Non ! > Je reprends.
Eliminer les traces du vivant sur la table de cuisine, ranger tout bien dedans le frigo le beurre mais pas le miel.
Aligner face à moi livres de poèmes, tailler les crayons, aligner règle , tubes de colle et ciseaux… et puis chercher l'inspiration écoutant la radio, sauter le repas de midi, ne plus répondre au téléphone...il est déjà minuit...et je suis qui ? Et on est quand ?
Textes de Jules Supervielle, de Jean Genet et de Christiane Singer
Ce qu’il faut de nuit au dessus des arbres
Ce qu’il faut de fruits aux tables de marbre
Ce qu’il faut d’obscur pour que le sans batte
Ce qu’il faut de pur au cœur écarlate
Ce qu’il faut de jour sur la plage blanche
Ce qu’il faut d’amour au fond du silence
Et l’âme sans gloire qui demande à boire…
Je roule sous la mer et ta vague au-dessus
Travaille ses essieux tordus par tes orages
Pourtant j’irai très loin car le ciel à l’ouvrage
Du fil de l’horizon dans un drap m’a cousu.
Mon voyage s’est transformé au fil des lignes, en simple errance (…)
Je sais que partout ne m’attend que l’énigme.
Elle seule.
L’espoir d’arriver un jour quelque part où me soit servi le thé du sens ultime m’a quittée.
J’erre sans angoisse, pire encore sans déplaisir.
Je n’ai même plus honte de balbutier.
Ni de n’avoir pas raison.