Coronachronique N° 27 20/4/2020
Le petit train des mots d’Emma BROUILLET
Les mots ne se composent pas seulement de sons et de lettres assemblées, ils sont comme des petites portes qui s’ouvrent sur l’imaginaire. Et les phrases me direz- vous ? Elles ne se composent pas seulement d’une suite de vocables alignés les uns à coté des autres qui le plus souvent donnent sens et cohérence.
Prenez la poésie, elle ne tient compte ni des lettres, ni des sons, ni des mots, ni des alignements. La poésie c’est la langue qui vagabonde, le mot qui s’affranchit, l’énoncé libéré qui s’évade, revendiquant sa liberté. Seul le lecteur décide.
Ainsi associer une image à un phrasé poétique c’est de la magie pure, presque un miracle. Un vers, un alexandrin, une strophe s’accroche à mon imaginaire et comme par enchantement l’image vient et s’impose. Parfois l’association est incongrue mais qu’importe, c’est le tracé, le voyage qui compte. Aller loin, le plus loin possible, le poème devient bateau m’embarquant vers le grand large pour fêter les épousailles flamboyantes de la plume et du dessin.
Textes d’Arthur Rimbaud et d’Ernest Ganay
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Il est parti me regardant et posant
ses doigts sur mes lèvres,
Mais je savais déjà quelles longues
fièvres unissaient sa vie à ma vie
Il est parti en me regardant, et plaçant
Sa main sur son cœur, puis
il a clos les yeux, dès lors, je sais
l'ardeur qui scelle sa vie à ma vie.