Coronachronique N° 19 10/4/2020
Vingt-sixième jour de confinement.
86 334 personnes déclarées atteintes du coronavirus.
4 286 de plus qu’hier.
12 210 personnes décédées (décès en EHPAD inclus).
1341 de plus qu’hier en tenant compte des dernières mises à jour EHPAP.
Le taux de létalité atteint les 14 %.
La courbe des cas recensés de coronavirus continue de s’infléchir.
A la question de savoir à quels financements il faudra avoir recours pour compenser l’augmentation des dépenses publiques consécutives à la crise sanitaire et à la récession économique, une économiste, invitée sur Arte à l’émission « 28 minutes » d’Elisabeth Quin, Anne Laure Kierchel, spécialiste de la dette, émet trois hypothèses :
1) L’augmentation de la pression fiscale : Anne-Laure Kierchel y renonce parce qu’elle est déjà importante. Preuve en est : le soulèvement des gilets jaunes. En effet, les particuliers et les entreprises français sont soumis à un haut niveau de prélèvements obligatoires, notamment le plus élevé si on le compare à celui des autres pays européens (plus de 45%du PIB pour les particuliers).
Cependant, dans ce taux de prélèvements obligatoires il n’y a pas que la pression fiscale. Il faut y ajouter les prélèvements sociaux qui font de notre système de solidarité l’un des systèmes le plus envié au monde (à titre de comparaison, le taux de prélèvements obligatoires irlandais est de moitié inférieur).
D’autre part, la loi de finance initiale pour 2018 prévoit une baisse du taux de l’impôt sur les sociétés. Rappelons que ce taux était de 50% des bénéfices réalisés par les entreprises jusque dans les années 80 et qu’il devrait passer à 25% pour 2022. Ce ne sont donc pas une fois de plus les entreprises qui contribueront au financement de la dette publique. Et si l’on peut déplorer les révoltes consécutives à l’importance de la pression fiscale, il faut d’abord se demander si cette révolte ne résulte pas d’une certaine injustice fiscale.
2) Diminuer les dépenses publiques : il est difficile selon Anne Laure Kierchel de réduire les dépenses publiques au regard de la crise sanitaire et de l’état dans lequel se trouve l’hôpital public. Et si elle reconnaît que l’Etat a un certain nombre de fonctions régaliennes (santé, éducation, police, armée, justice), elle reste très floue sur la mesure de ses obligations qui se situe entre « une intervention maximaliste et minimaliste ». On ne peut être plus laconique sur les nouvelles directions à prendre pour pallier la crise économique qui se profile : 6.3 millions de salariés déclarés en chômage partiel en France, baisse du PIB de 6%, chute du commerce mondial variant, selon les estimations, entre 13 et 32% pour l’année 2020.
3) S’endetter auprès des banques : oui, cette politique a toute la faveur de l’économiste. Qui est aussi banquière (banque Rothschild, Lehman Brothers) mais « de gauche[1] » (autant que doit l’être Emmanuel Macron). Autrement dit, on poursuit une politique de financiarisation de la dette qui profite aux investisseurs qui spéculent sur la titrisation de cette dette et au système bancaire.
Qui a dit que la crise du coronavirus allait enfin permettre de changer de modèle économique ?
[1] Voir l’article réalisé par Vanessa Schneider pour le journal Le Monde du 5/7/2019.