Coronachronique N°15 6/4/2020
Confinée : Emma BROUILLET
Confiné : vivre à l’écart sans égard, reclus, isolé, éloigné, écarté. Il va falloir apprendre à intégrer ce nouveau vocabulaire, il va falloir faire avec, ou plutôt faire sans.
Sans les visages et le toucher si doux de ceux que j’aime, sans le regard de l’autre, l’aide à donner et recevoir, sans le partage. Sans les rivages de la mer, sans le vent, sans les odeurs des glycines éphémères, sans le tracé des oiseaux dans le ciel. Il va falloir faire petit, étriqué, faire avec. Avec ce que j’ai à portée de main pour m’évader, sans me laisser prendre par les idées noires, mais chercher les couleurs, trouver du souffle, du mouvement mais sans bouger.
Rester immobile, figée.
Ma table de cuisine sera mon univers, ma galaxie. Mes pinceaux, gommes et crayons, gouaches, aquarelles et pastels mon armée des ombres douces sur le papier Canson. Et mes modèles alors ? Ustensiles, tasses et bols, napperons et serviettes, pots et vases des étagères sans oublier les stickers du frigo.
Un livre de poèmes sera mon inspirant. Extraire du phrasé qui sonne, qui claque, respire et vagabonde. Dessiner de l’ordinaire en y mêlant des mots, et la magie opère. Qui a dit confiné ? Je suis si loin de ma cuisine, je suis dehors, je suis à l’air et libre.
Textes de Paul Eluard et de Evarite Désiré Forges de Parny