Coronachronique N°5 25/3/2020

📅 25 mars 2020

Coronachronique N° 5 25/3/2020

Dixième jour de confinement.

22 300 personnes déclarées atteintes du coronavirus.

2444 de plus qu’hier.

1 100 personnes décédées.

240 de plus qu’hier.

La courbe n’a pas commencé à s’infléchir.

Suite de la chronique N°4

 

                … J’obtempère. Il me demande mon attestation. Je la cherche dans mon sac à dos mais je sais déjà qu’il s’en fout car il a compris qu’à l’allure où je vais, même si je suis, à cet instant, dans un périmètre acceptable de mon domicile, j’en ai été, à un autre moment, beaucoup trop éloigné. Je la lui tends. Il ne la regarde même pas. Je joue franc-jeu avec lui et je lui avoue que je viens de faire 50 kilomètres. Je me demande même si je ne le provoque pas un peu et je le teste au sujet du caractère lacunaire de la règlementation. Il est plutôt de ceux qui se rangent derrière l’esprit des lois. Mais finalement, de tout ça, il s’en détache car il est de la police judiciaire et son taf n’est pas de verbaliser. Tiens, justement, il vient de coller une prune à une femme récidiviste qui prenait le soleil sur la plage. Ça le consterne. Des profs, des médecins, des avocats, des gens qu’on dit « biens », tous contrevenants peut-être parce qu’ils croient savoir mieux que quiconque. Des individus comme moi, en somme, qui se perçoivent, dans une relative honnêteté, en dehors de la collectivité et qui oublient qu’une somme d’individualités raisonnant de manière identique ça fait un groupe trop faible dans ses mobiles pour s’enorgueillir d’une quelconque transcendance républicaine mais suffisamment forte pour alimenter un mimétisme toxique. Quelle morgue !

                Il suffit de se remémorer le dimanche 15 mars, postérieur à la première intervention de M. Macron et antérieure à la seconde où il lui a fallu mettre les points sur les i. J’étais encore à vélo et je suivais le bord de mer jusqu’à Juan les pins. Sur la Promenade de Cagnes sur Mer et au bord des plages du Cap d’Antibes, une foule d’oisifs prenait le soleil et flânait avec tout autour une marmaille joyeuse mêlée aux aïeux dangereusement exposés. On ne pouvait trouver situation plus favorable pour faire la courte échelle au Covid 19. Je pensais au poème de Paul Fort inspirant la chanson « Si tous les gars du monde » et je regrettais qu’une si belle intention pût être, brutalement, aussi peu opportune.

 

« Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !
Si tous les gars du monde devenaient des copains... »

 

               Autre temps autre mœurs ! Depuis cette date, 16877 cas de contagion supplémentaires ont été recensés. Avec 973 morts de plus. Quelle morgue !

Et la courbe n’a pas commencé à s’infléchir…