Paris le 23/11/2021 | |
Donna Alovesti
119, rue des P.
75 Paris
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Justizanstalt
Milos Ć. HNR, 176728
Leobersdorfer Strasse 16
2552 Hirtenberg – Autriche
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Cher Milos,
je suis indignée par l'indigence de la « bibliothèque » dont vous disposez. On ne peut pas dire que la réinsertion par la culture soit la priorité des autorités ! Un écrivain très célèbre en France, Michel Houellebecq, affirme même que « vivre sans lecture c'est dangereux, il faut se contenter de la vie, ça peut amener à prendre des risques... »
L'ambassade et le consulat ne sont pas du tout motivés pour vous apporter une aide. Ils s'en fichent complètement. J'ai tenté d'appeler l'ambassade mais le téléphone sonne dans le vide... On ne sait pas quand ces gens-là travaillent à leur bureau !
Vous trouverez ci-dessous copie du courrier que j'ai envoyé à l'ambassadrice de Serbie, à Paris. J'espère une réponse mais sans y croire... Un coup d'épée dans l'eau...
"Mme Donna Alovesti, journaliste Paris le 21 novembre 2021
119, rue des P. 75 Paris
Ambassade de Serbie
5, rue Léonard-de-Vinci
À l'attention de Mme l'ambassadeur Chère madame,
Il me serait agréable que cette lettre vous soit transmise personnellement, traduite le cas échéant, et qu'elle ne soit pas remisée dans un tiroir par votre secrétariat sans espoir d'être lue. Je souhaite vous faire part de mon indignation au sujet d'un ressortissant serbe actuellement en détention en Autriche (Hirtenberg). M. Milos C. est issu d'une famille illustre en Serbie, il s'est battu pour son pays, et quels que soient les griefs qui lui sont reprochés, il mérite le respect.
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas à juger ses actes, c'est déjà fait par les tribunaux et je me contente d'être son professeur de français dans le cadre d'une association française qui œuvre en faveur des détenus.
Avant de vous contacter, j'ai bien sûr pris contact avec vos homologues à Vienne, ambassade et consulat. Je suis au regret de constater que je n'ai reçu aucune réponse et j'ai le sentiment déplaisant que son sort n'intéresse personne. Ce qui est choquant, pour ne pas dire désespérant. Je pense comme tout un chacun que les citoyens sont en droit d'attendre le service minimum de la part des autorités censées les représenter.
Certes, l'affaire ne mérite pas une couverture « presse » nationale. Elle est anecdotique eu égard aux questions qui mettent en jeu les relations internationales. Il s'agit d'un « cas » où un être humain, confronté à l'enfermement et à la solitude, réclame … des livres en langue serbe.
Oui, c'est de cela qu'il s'agit, autrement dit rien !
Il n'y a pas de bibliothèque à la prison de Hirtenberg. Pas de livres ! C'est à peine croyable et de surcroît, le centre de détention n'accepte aucun colis de quelque nature que ce soit...
À la faveur de mes recherches pour lui apporter une consolation par la littérature, je m'avise qu'il n'y a pas de centre culturel serbe à Vienne !
Comment est-ce possible dans une ville où l'empreinte serbe est si importante, tant par son histoire que par sa population ?
Au consulat, à l'ambassade de Vienne, « on ne sait pas, on ne peut pas, on ne veut pas » ! Je m'adresse à vous en dernier ressort, consciente cependant que votre charge vous laisse peu de temps pour une action humanitaire qui ne touche qu'une seule personne et que par ailleurs, le problème n'est pas de votre compétence.
J'espère toucher une corde sensible dans votre cœur et attends de votre part, un conseil, une suggestion, un contact, pour apporter un soutien moral à M. Milos C.
D'avance merci.
Veuillez agréer, madame l'ambassadeur, l'expression de mes respectueuses salutations."
Composition Ivan Gjorgievsky