Après avoir présenté un article de Georges-Joseph RAZAFIMAMONJY portant sur l'engagement du poète Jean-Joseph RABEARIVELO, la revue L'Altérité souhaite mieux faire connaitre ce poète malgache en publiant quelques unes de ses poésies éditées chez Sépia et Tsipika dans un recueil intitulé "Traduit de la nuit". Nous publions la poésie en français et en malgache telle que l'ouvrage "Traduit de la nuit" la présente mais aussi dans le but de respecter le souci du poète qui n'a eu de cesse de renouveler la langue malgache tout en s'auto traduisant. En outre, le graphisme malgache présente en lui-même un rythme produit par la présence multiple des "y" qui fournit au lecteur ignorant le magache une sensation synesthésique consistant à visualiser les sons et, à l'instar d'une démarche formaliste et mallarméenne, à abstraire la poésie de son sens.
évolue dans la profondeur du ciel -
quelle fleur de sang éclose dans la prairie de la nuit ?
puis devient comme un cerf-volant lâché par un enfant endormi.
Paraît s'approcher et s'éloigner à la fois,
perd sa couleur comme une fleur près de tomber,
devient nuage, devient blanc, se réduit :
n'est plus qu'une pointe de diamant
striant le miroir bleu du zénith
où l'on voit déjà le leurre
glorieux du matin nubile.
Kintana jaky iray
mandroso eo anatin' ny halalin' ny lanitra -
voninkazo ra inona, mivelatra eo amin' ny tanin' ahitry ny alina ?
Mandroso, mandroso
dia toa zary papango alefan'ankizy matory.
Tao sady manatona no manalavitra,
very loko hoatry ny voninkazo hilofika,
tonga zavona, tonga fotsy, mihakely :
tsy inona intsony fa lohan-diamondra,
manatriatra ny fitaratra mangan' ny tendron' ny hany
izay ahitana sahady ny fanodoka
be voninahitry ny maraina tonga taona.
Poème en malgache. (Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).