J’ai frotté mon museau aux semonces des songes
C’est ainsi
quand des visages
on s’absente trop longtemps
on cause chiffon avec le minéral
Il y a tant à raconter
pour s’éviter les pires
pirates et seigneurs de guerre
On délie des narrations de sciures
de bois secs
paroles d’anges ou d’absents
On interroge
le destin les insectes en hiver
cette flamme malhabile les matins de gel
la valeur d’une chimère
Je me balance d’un pied sur l’autre
pour me nourrir d’un semblant de chaleur
hoche du menton
parce qu’il faut bien donner le change
Et puis
c’est fou les cheveux tirés courts du jour
et les rideaux si vite
sur les papillons survivants
clos
Je range à la hâte ce que le froid torture
Bol chaud pour raviver le sang
et s’enquillent dans les doigts
des volées d’insectes
Maisons du silence
repliées en quatre
en deux
en solo
seule la face noire
à peine visible
quand on remonte la route du Col
Est-ce ainsi que l’hiver nous rend à la poussière
On entendrait les cordes
une sonate de Ludwig
Il y en a tant
Photographie Jean-Marc Feldman