Te souviens-tu des matins et des soirs
Nous regardions le grand frêne
Celui qui apparut au secret de l’an
imprécis et né du hasard des vents
à présent charnu
d’entrelacs exultant
bleu à l’aurore
orangé au couchant
Te souviens-tu de ce presque demi-siècle
qu’il nous montre du doigt
effeuillant notre existence ici-là
lissant les paumes du champ d’en face
pour assoir tout à fait sa présence
et la grande montagne
lui faisant place de choix
par derrière la fenêtre
Photographie Jean-Marc Feldman