Ici l’eau de la cruche
Est chaude et amère
Et le loup n’est que merluche,
Né de la mer louche
Qu’on apprivoise
Pauvre saumure qu’au large
Les bateaux croisent
Profonds comme des cambrures
Au bas de leurs reins
Que mouche la vague.
Du chalut qui divague
Le soleil forge l’airain
L’or et l’argent qui frétillent
Dans des cales bourrées d’arc en ciel
Comme la mer qui brasille.
De ce pétillement
On n’en verra pas la couleur
Nulle irisation, point d’enchantement
Dans l’assiette qui pleure
Triste comme un chantier
Un jour de pluie
Un jour d’ennui
Tout entier.
Ici tant amer est le petit noir
Qu’il tire sur les lèvres
Une grimace mièvre
Et laisse au visage la mémoire
De regrets remâchés.
Ici tant acide est le petit vin
Autant que le pichet
Qui rebaptise en vain
La misère de la vigne.
Et le pain trop blanc
Et le sourire semblant
Convenir aux consignes
Loin d’une bouche amène
Aux dents éclatantes.
Ô rêve, ici on te malmène
Malgré la route des sentes.
Des sillons au cordeau
Conduisent le regard
Jusqu’au falaises au bord de l’eau.
Parfois tu te demandes si on t’égare.
Photo L'Altérité