La poire
Si je dis « la poire »,
Le mot me la figure.
Mais si je dis « la poire »,
Pas « la figure »
Mais bien « la poire », « la poire »,
« La poire » et encore « la poire »,
Le mot s’envole.
Il s’abstrait de l’objet qu’il désigne.
Il n’a plus de figure
Ni de signe
Il n’est plus qu’objet
Être objectif
Itératif
Ex nihilo sans histoire
Mais il n’est pas « la poire »
Ni « la pomme », d’ailleurs.
D’ailleurs ou d’ici.
C’est une utopie
La poire aboie
Mais la poire à boire,
Nenni.
Elle a perdu sa chair
Elle a perdu sa pulpe
Mais aussi, sa chaire
Où elle ne se disculpe
Plus de n’avoir de goût.
Car si je goûte la poire
Je reconnais le fruit
Point n’est besoin d’y voir
Elle est la même la nuit.
Mais si je la goûte
Et la goûte et la goûte
Et encore la goûte
Le goût se met à réfléchir
Il pose ses poings sur les hanches
Et doute d’avoir eu quelques manches
Avec elle pour s’en rafraîchir.
Qu’une question épluche la poire
Et quoi faire de cet effeuillage ?
Cette analyse n’est que brouillage
D’une synthèse péremptoire.
Illustration L'Altérité