Mais si le rien n'est pas comment peut-il ne pas être ?
Lors, on m’avait caché de la mathématique,
Repère orthonormé et valeur dérivant,
Que cette science pût être aussi poétique
Que la feuille d’automne emportée par le vent
Ou la mer agitée très sinusoïdale.
Les yeux par la fenêtre, il me souvient d’antan
Les vaines analyses infinitésimales
S’envolaient au dehors tout en tourbillonnant.
Mais si l’on m’avait dit que la feuille d’automne
Eût pu tout en tombant se rapprocher du sol
Infiniment mais sans jamais, cela m’étonne,
En atteindre l’abscisse poussée par Eole,
J’aurais alors compris que le rien en ces mondes
N’est pas. Vois mon ami j’approche du trottoir
Cueillir cette colchique avant qu’on ne la tonde
Mais la dure asymptote empêche de l’avoir
De ma main à la fleur d’infinis décimales
S’éloigne du zéro, pathétique fiction.
J’ai cassé une pierre et cassé sa fractale
Pulvérisé la terre à perdre la vision
A la fin de l’été de cette roche infime
Répétitive infiniment ratiocinée
Et restera toujours enfouis dans l’abîme
De mon âme entièrement hallucinée.
Mais si le rien n’est pas, si le rien ne peut être
Ce poème n’est-il une contradiction ?
Comment se peut-il que le rien ne puisse être
Puisque le rien n’est pas par définition ?
Illustration L'Altérité