Je revisite en esprit ce cliché où tu apparais en Madone
Si brune et si jeune dans ta robe de dentelle blanche
Et ton porte-jarretelles sur le parvis de l’église de Port-Vendres,
Préfiguration du paysage qui enveloppe ma joie et mon désir
Avec ton blouson de cuir, Dieu que tu es jolie, Jacqueline !
J’ai dû grandir dans ton ombre, ma sœur, trouver ma propre
Voix, moi qui n’avais nulle grâce sauf celle d’écrire et toi
Qui les avais toutes, surtout celle de la mystification.
Aérienne et charnelle, voluptueuse et éthérée, toi le Feu
Les hommes se consumaient d’amour pour tes grands yeux noirs.
Toi la Parisienne aux vapeurs d’Opium, tu savais si bien
Onduler comme chatte séductrice, et je retrouve en Lune
Ton indécence de marbre qui ne donne prise au Vent ni au Temps,
Résistant même à l’assaut des vagues de l’Océan.
Catherine Andrieu "Solitude" Huile sur toile