Maintenant que la brume
envahit le village
père, ne scrute pas
ce qui distingue nos chemins.
Car bien que tortueuse et à l’écart,
la route que des ruisseaux égaux
de sueur ont arrosée,
il nous faudra la franchir les mains jointes.
… Un jour d’En Haut tous les cris s’éteindront
et dans une chute solitaire
le moment, père, sera venu
de nous dire adieu. Mais trop longtemps
nous avons appris à nous aimer
pour que cela puisse sonner la rupture.
De nous, qu’un seul regard
suffit à fondre en un unique Moi,
le survivant aura en l’Autre
un compagnon d’éternité
et chaque souffle parlera de Lui.
Cet air qui nous effleure
maintenant transmué en douce caresse
courant sur le visage de celui qui reste
apportera mystérieuse présence
en une prière dont nous seuls
depuis longtemps conservons en secret la clé.
Discorso al padre
Ora che nebbia
guadagna il villaggio
non scrutare i nostri
diversi cammini, padre.
Ché pur tortuosa e discosta
la carreggiata da rivoli uguali
di sudore irrorata,
a mani giunte la dobbiamo varcare.
… Un giorno dall’Alto si spegnerà ogni grido
e in solitaria caduta
accadrà, padre, di dirci addio.
Ma troppo a lungo
abbiamo appreso ad amarci
perché ciò possa suonare frattura.
Di noi, che uno sguardo
basta a fonderci in un unico Io,
il superstite avrà l’Altro
in eterno compagno
e di Lui parlerà ogni respiro.
Quest’aria che ora ci sfiora
tramutata in carezza soave
scorrendo sul viso di chi resta
porterà misteriosa presenza
in preghiera che da tempo noi soli
custodiamo in segreto la chiave.