Les éditions du Sous-sol ont publié la traduction française des deux essais autobiographiques de la romancière, poétesse et dramaturge britannique Deborah Levy. En effet, au milieu des années 2010, la romancière a fait paraître deux ouvrages sur son parcours de femme et d’écrivaine.
L’autrice écrit un premier essai dans sa langue maternelle en 2013 : « Things I Dont Want to Know » (Ce que je ne veux pas savoir). Elle nous fait écho de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence liés à l’Afrique du Sud, à l’Apartheid, à un père militant de l’ANC emprisonné et à l’Angleterre comme pays d’adoption.
Après sa vie d’enfant abordée dans le premier ouvrage, Deborah raconte sa destinée d’adulte qui ressemble d’ailleurs à celle de beaucoup d’autres femmes. C’est là le thème du second essai de ce diptyque intitulé « The cost of living » (Le coût de la vie) que Camille Laurens, écrivaine française, compare à un feuilleton littéraire.
D’abord, la narration de cet itinéraire va lui permettre de retrouver des racines et de se réconcilier avec une mère décédée. L’enfant devenu une femme, Deborah a alors cinquante ans, se retrouve seule avec ses deux filles après vingt ans de mariage. Elle troque une vie d’épouse modèle contre celle d’une écrivaine qui a décidé de se reconstruire en élevant sa famille, à la force de sa plume. Son existence qui n’était faite que d’obligations, est devenue un combat pour la liberté. Elle parcourt les rues de Londres sur son vélo électrique puis, ayant gravi cette colline ardue, emblématique du coût de la vie, qui la mène au domicile, elle passe des journées entières à écrire dans un cabanon froid et humide.
Le miracle est que cette femme, malgré sa dépression, va garder tout au long du parcours, son humour, sa fraîcheur et surtout sa dignité. Même en colère, jusque dans ses positions féministes, on retrouve toujours ce sourire.
L’autrice fait de nombreuses références à des écrivaines : Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Charlotte Brontë, Emily Dickinson…
« Peut-être que la féminité, ainsi qu’on me l’avait appris, était arrivée à son terme. La féminité, en tant que personnalité culturelle, n’exprimait plus rien pour moi. Il était évident que la féminité, telle qu’elle était écrite par les hommes et jouée par les femmes, était le fantôme épuisé qui continuait de hanter le début du XXIe siècle. »
Deborah Levy, avec un style d’une grande élégance, aura su nous inspirer et peut être, chez certains, les pousser à s’interroger sur d’éventuels choix de liberté.
Un standard de la féminité au 19èmesiècle : La Castiglione, Gordigiani, 1862.